LES SAIGNEURS
Toi qui lis ces lignes, n’entends-tu pas les cris
De tous ces peuples souffrants aux bonheurs proscrits ?
Regarde sur les faces pales la morsure
Qu’a laissée là, la semelle de leur chaussure.
Ils se pavanent, fiers, dans leurs grosses voitures,
Ils n’ont pas faim, pas soif, ne craignent pas l’usure.
Ils vont, viennent, dans les grandes rues d’un État
Qu’ils volent, qu’ils violent sous les yeux des prélats.
Le droit reste droit, mais la justice est leur chienne
Qui se prostitue à qui veut au bout d’une chaîne.
Et le peuple alors ? Celui qui se tue au labeur ?
Où est-il ce peuple dans toute cette horreur ?
Il est ici, couché, sous ces toits perforés
Que la rouille n’a pas fini de dévorer.
Le dos cassé, épuisés, ces hommes et femmes
Ne veulent plus lutter contre tous ces infâmes.
D’ailleurs, les voila, jamais las, jamais repus
D’ouvrir les veines de tous ces peuples déchus.
Alors ne faites rien et regardez, songeurs
L’agonie du peuple, l’apogée des saigneurs.
Armel Mbongue
06-03-10