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La poésie d'un fHou
30 avril 2009

PARDONNE-MOI, FILS

Là-bas, au loin, sous les tonnerres qui se taisent,
Dans le soir,
Trempé de la tête aux pieds, recouvert de glaise,
Un point noir.

La silhouette qui apparaît : c’est un petit d’homme,
Un enfant ;
Il marche, tremblotant, titubant, un peu comme
Un mendiant.

Il s’arrête là, devant moi, la bouche pleine
De son sang,
Me lance son regard que je soutiens à peine,
Menaçant.

La pluie dans les yeux, le voila qui me parle
En sanglots ;
Il coule de son œil gauche de blanches perles
A grands flots.

Sa voix gracile tremble encor plus que son corps,
Et je vois
Sortir de sa bouche des mots noirs tel la mort.
Quel effroi.

Il me dit : « Pourquoi me fais-tu subir ceci ?
O, misères.
Pourquoi fais-tu de ma vie un havre de soucis ?
Toi mon père.

Tu ne m’as laissé en héritage que malheurs
Et détresse ;
Et ta lâcheté d’hier, je la paye en ces heures,
Ma richesse.

Ton pays était une grande prison dorée
Tout en fer ;
Toi, ne luttant pas, mon monde s’est transformé
En enfer. »

Il s’arrête, suffoquant, le sang aux poumons,
O, mon Dieu,
Puis reprend, en murmurant d’abord un juron :
« Sacrebleu !

Ces richesses matérielles par toi amassées,
C’était bien.
Tout cela, ici, n’intéresse la masse et
Ne vaut rien.

Que vaut l’argent, le bronze, le beau diamant ou
Même l’or
Pour tout un peuple, abusé, la corde au cou,
Même mort ?

Père, tu ne m’as laissé qu’une grande tombe,
Rien de plus. »
Ayant dit ceci, il ferme les yeux et tombe.
Il n’est plus.

Quand j’ouvre les yeux, sortant de la page blanche
Toute noire,
Je sais pour qui naît, en moi, une haine franche
Et notoire.

Armel Mbongue
24-25 / 02 / 09

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