A CEUX QUI CREUSENT DES TOMBES
Toi qui regarde l’histoire,
Te contentant de la subir,
Laissant faire ce qui ne se devrait pas,
Ne pensant qu’à ton ventre et à rien d’autre,
Lui qui reste assis,
Les yeux ouverts, le rictus aux lèvres,
Devant le crime qui décime
Ses amis et sa famille,
Vous qui riez, les gueules ouvertes,
Face à la conscience de quelques frères,
Qui ridiculisez le sacrifice et prônez la fainéantise
Pour vivre votre présent et construire votre avenir,
Dites-moi, mes frères,
En me regardant dans le noir des yeux,
Dites-moi sans sourciller
Ce que vous comptez laisser à vos enfants.
Seriez-vous comme ce gardien de cimetière qui,
Ne se souciant pas de la vie de ses enfants
Mais de leur mort
Leur creuse d’avance des tombes près de la sienne ?
Seriez-vous comme cette mère damnée qui,
Sentant poindre la vie au fond de son hymen
S’en va chercher un sac poubelle,
Futur suaire de sa future progéniture ?
Dites-moi donc, mes frères,
Dites-moi pourquoi, avant qu’ils ne viennent au monde,
Vous ne leur réservez, à ces enfants de demain
Que des plastiques étouffants et des trous dans la terre…